L’or bleu
L’eau, élément vital au développement de la vie, a toujours été au cœur des préoccupations de l’homme. C’est toujours elle qu’il recherchait avant d’établir son habitat. Ainsi, la majorité de nos communes sont nées à partir d’un point d’eau.
Par ailleurs, les vertus thérapeutiques de l’eau sont connues depuis la plus haute antiquité, les Anciens lui conférant des pouvoirs miraculeux voire magiques. Dès lors, les sources ont fait l’objet de cultes et de superstitions païens repris ensuite par le Christianisme qui les sanctifia durant des siècles.
Symboles de purification, on y lavait ses maux et déposait des offrandes dans l’attente d’une guérison. Afin de préserver leur pureté, on érigea des murets ou des couvertures rudimentaires. Ce fut la naissance des fontaines et des puits.
Plus tard, s’inspirant du génie hydraulique des Grecs et des Romains, on déplaça l’eau des sources en construisant des conduits en terre vernissée, en bois ou en fonte qui alimentaient des bornes fontaines. L’eau devenait accessible à l’ensemble de la population. Ces avancées techniques améliorèrent considérablement l’hygiène de vie indispensable pour lutter contre les grandes épidémies.
L’âge d’or du lavoir
Les efforts entrepris autour de l’hygiène publique, de la surveillance de la qualité de l’eau, l’enseignement de la morale scolaire (propreté = respect de soi-même, dignité = devoir social) et l’utilisation réfléchie des ressources communales ont abouti à l’élan constructif des lavoirs. Ces nouveaux « autels » de l’eau se développèrent à partir du 19ème siècle pour connaître leur apogée sous l’Empire.
A Daix, une délibération du Conseil Municipal, datée de 1810, fait état de la grande vétusté du lavoir laissant supposer une origine plus ancienne de celui-ci. Devant l’urgence de la situation, une reconstruction à neuf fut alors décidée et l’ouvrage fut confié à Jean Verrière, maçon de son état, domicilié à Daix.
Situé au centre du village, le lavoir mesurait 2,56 m de long sur 0,96 m de large pour une profondeur de 0,43 m. Au niveau de sa partie inférieure, une petite rigole permettait de décharger l’eau qui tombait dans l’abreuvoir situé à proximité. Le lavoir était ceint par un mur de mortier de 1 m de haut environ. A l’extérieur de ce mur d’enceinte, on réalisa un pavement de dalles tandis que le pourtour du bassin était en terre battue.
Au cours de l’année 1839/1840, profitant de la sécheresse, de nouvelles réparations furent réalisées car l’eau savonneuse refluait au niveau de la fontaine altérant l’eau utilisée par les habitants.
Les femmes régnaient en maître sur le lavoir qui était sinon leur « propriété » du moins le lieu privilégié de leurs échanges. Mais, il n’était pas qu’un lieu de discussion légère et de bonne humeur. Nos aïeules y souffraient. Le poids du linge, l’humidité et le froid mettaient leur santé à rude épreuve.
Les archives municipales témoignent de ces conditions difficiles. En 1852, les Daixoises se plaignent de devoir se mettre à genoux dans la boue pour laver leur linge car le lavoir est entouré de terre qui détrempe la pluie et les eaux répandues par les laveuses. Leur appel fut entendu et on procéda au pavement des abords du bassin.
Pour améliorer davantage les conditions de lavage du linge et abriter les lavandières des intempéries, le lavoir fut couvert d’une toiture dite » à compluvium « en 1877 qui avait le double avantage de dispenser la lumière ainsi que l’eau pluviale et permettait de pallier aux sécheresses estivales.
La dernière innovation technique apportée au lavoir date de 1880 avec la construction d’un aqueduc pour faciliter l’écoulement de l’eau.
« Elles ne lavent plus les filles de France » :
Les archives municipales relatent des réparations diverses témoignant de l’activité des lavandières jusqu’en 1959. Mais bientôt, le bruit des battoirs sur les margelles a disparu et la machine à laver, symbole du progrès, a définitivement lessivé le lavoir !
Laissé à l’abandon jusque dans les années 1973/1974, la Municipalité décida de le transformer en remise afin d’abriter le matériel communal. Une surélévation des anciens murs du lavoir est alors réalisée.
Oublié avec le temps, ce petit édifice a suscité un regain d’intérêt et un projet de réhabilitation du site voit le jour en 2004. De l’ancien lavoir ne subsistaient que le bassin avec son alimentation hydraulique et les murs périphériques sur une hauteur de 2 m environ. De mars à octobre 2005, les travaux effectués ont eu pour but de supprimer la partie supérieure de la construction ainsi que la dalle, afin de faire apparaître, depuis le niveau de la rue, le sol et le bassin du lavoir tous deux rénovés…
Pourtant, aujourd’hui, qui se souvient des lavandières ?
Alors, si vous flânez aux abords de ce lieu, tendez l’oreille. Vous entendrez les voix de vos grand-mères résonner comme une invitation à transmettre une histoire et un patrimoine aux générations futures.
Magali Fiatte©mairie de Daix